par Jean Omnès
Extrait d’un article de 6 pages, à suivre, avec schéma et photos de l’auteur.
L’abondance des cours d’eau, torrents et cascades en Lavedan a permis, dès le Moyen Âge, la multiplication de petits moulins à eau ou molis, pour moudre le grain. Saint Orens aurait été, à Villelongue, le premier à réaliser un moulin au Ve siècle. Il faut dire que les fors octroyés par les comtes de Bigorre aux populations locales leur ont laissé une certaine autonomie quant à la construction et à la gestion des moulins, comme pour l’usage des estives. Vers 1800, on dénombrait plus de 1600 moulins à eau dans le département. Ils étaient le plus souvent implantés le long des affluents du Gave plutôt que sur le Gave lui-même dont les débordements dévastateurs étaient fréquents. Ils étaient associés à des ouvrages de « petite hydraulique » : canal d’arrivée, bief, vannes, déversoir de trop-plein.
Ils étaient surtout destinés à la production de farine de seigle, milloc, millet, maïs ou blé ; parfois à la production d’huile de noix et plus rarement au broyage de fèves de cacao (chocolats Pailhasson).
Chaque torrent était surmonté par plusieurs petits moulins, les uns à la suite des autres, en chapelet ; la même eau les faisait tourner tous ensemble. On peut encore le voir dans certains villages comme à Arcizans-Dessus ou à Sazos, par exemple. Très souvent, dans les villages pauvres, les moulins étaient propriété commune de plusieurs familles voisines (vesins) qui se répartissaient les jours de mouture. Les droits de moulande se transmettaient de génération en génération. En dehors du pays toy, il existait des moulins qui appartenaient au seigneur ou à une communauté religieuse qui les louait moyennant rétribution en nature. L’utilisation de ces moulins était obligatoire. Ce sont les moulins banaux (de banalité). Parmi les moulins banaux nous avons, d’après les Annales du Labeda de Jean Bourdette, ceux des seigneuries laïques (1) et ecclésiastiques (2). Une particularité, les moulins banaux communaux avec la permission du roi (3). Une réglementation très stricte de l’utilisation de l’eau rendait nécessaire un calendrier bien établi des jours et heures d’utilisation des ruisseaux, car les débits n’étaient pas réguliers.
Parfois les moulins, surtout en plaine, servaient de maisons aux meuniers. C’étaient alors des bâtisses plus importantes, comme à Juncalas ou à Lourdes, les moulins de Boly et Lacadé où vécurent Bernadette (Boly) et ses parents. L’apparition de la turbine au XIXe siècle a permis aux moulins les plus importants de se transformer en minoterie ou en usine fournissant de l’électricité. Le premier du département à fournir de l’électricité fut celui de Saint-Créac.